Didier BAISNÉE, directeur sportif et figure emblématique du Club du Cosmo de Taverny, nous livre sa vision du football avec une juste clairvoyance. Par la même occasion il nous ballade dans une captivante allégorie du football. Attention c’est également un rendez-vous rare avec un personnage hors du commun qui nous fait partager ses rencontres exceptionnelles. TRUCULENT.
1 – Bonjour M. BAISNEE, vous êtes le Directeur Sportif du club du Cosmo de Taverny. Pouvez-vous vous présenter en résumant votre carrière/parcours ?
Effectivement, je suis le Directeur sportif du Cosmo de Taverny où j’entame ma 6ème année. Mon parcours de joueur a été d’évoluer dans quelques clubs comme Le Bourget lorsque j’étais enfant. Puis Garges les Gonesse, le Paris FC, Malakoff, Sarcelles, des clubs où j’ai passé de très bons moments. Beaucoup d’échanges avec des personnes avenantes qui m’ont énormément apporté et aidé à me construire tout au long de ma jeunesse.
En tant qu’éducateur, aujourd’hui, j’en suis à mon 11ème club, dont le Cosmo de Taverny qui est le dernier club après Sarcelles, Ecouen, l’Isle Adam, Domont et bien d’autres.
2 – Le Directeur Sportif change relativement d’attribution en fonction des clubs. Quel est votre rôle exact au Cosmo ?
En qualité de Directeur Sportif, ma mission est la mise en place du projet associatif du Cosmo de Taverny. Le projet associatif a deux volets : la partie sportive et la parte sociétale. Bien évidemment, sur la partie sportive, c’est la mise en place de l’équipe éducative (éducateurs et entraineurs) et la formation des cadres. C’est également mettre en place la qualité de l’accueil au sein du club. Ce sont aussi les relations avec toutes les familles du football (éducateurs, parents, dirigeants, bénévoles, arbitres etc.). C’est construire des relations avec toutes ces composantes qui vont faire que les adhérents vont venir au Cosmo de Taverny avec le sourire, l’envie et surtout dépasser certains clivages et assouvir cette passion du football.
Ștefan Kovács (entraineur de l’Ajax d’Amsterdam et de l’équipe de France entre autres), disait « Le football n’est pas une science exacte mais un ensemble de sciences exactes ». C’est dans cette configuration là qu’il faut travailler au sein de nos clubs.
S’agissant de la partie sociétale, aujourd’hui, une association dépasse le cadre du football. L’association fait partie de la chaine éducative au niveau des jeunes après la cellule familiale et l’école. Bien souvent, d’un point de vue éducatif, l’association passe même avant l’école et parfois les parents. On a certains jeunes dans des situations complexes et si à travers les parcours mis en place par nos associations, ils peuvent se retrouver et pouvoir à travers le football recevoir une éducation et participer au vivre ensemble du mieux possible, on a déjà gagné quelque chose. Les jeunes ne me posent jamais de problème, simplement des questions !
Didier Baisnée avec les deux jeunes retenus pour assister à la coupe des confédérations en Russie en 2017
Au sein du club, on a travaillé sur l’accueil du jeune en situation de handicap, le sport santé, la lutte contre la violence, le fair-play, l’accueil des jeunes filles et le développement du football féminin. Il faut savoir qu’il y a 6 ans, il n’y avait qu’une dizaine de jeunes filles au Cosmo de Taverny et aujourd’hui, on atteint pratiquement la centaine. C’est un travail qui a été accompli par l’équipe éducative au sein du Cosmo mais aussi par les parents, les dirigeants, par l’ensemble de la communauté éducative.
De ce point de vu, notre responsable de la structure féminine, Didier Noirot et son équipe technique et dirigeants ont bien travaillé.
3 – Aujourd’hui, comment travaillez-vous avec le Président et sa gouvernance ?
L’un des points fort et structurant du Cosmo de Taverny, c’est que la plupart des membres qui compose le Comité Directeur sont d’anciens joueurs de football. Donc, si vous leur parlez football, ils comprennent football ! Par ailleurs, j’ai d’excellentes relations avec mon Président. Personnellement, je travaille à l’ancienne comme un gentlemen’s agreement , c’est à dire à la parole et à la poignée de main. Donc, pas besoin d’écrit pour une quelconque validation. Mon Président me laisse travailler en toute confiance et me donne les moyens, à terme, d’arriver aux objectifs définis. Bien évidemment, je suis sous le contrôle du Comité Directeur, c’est tout à fait normal. De ce point de vue, je dois reconnaître que j’ai un Comité Directeur et un Président totalement derrière moi en ce qui concerne mes missions en qualité de Directeur Sportif.
4 – Quelle est la nature de vos relations avec les entraineurs ?
Au sein du Cosmo de Taverny, il y a des éducateurs et entraineurs qui sont présents depuis très longtemps. De nouveaux éducateurs sont arrivés et tout cela a créé une symbiose qui fait que tout le monde va pouvoir travailler par rapport à des objectifs définis. Mes relations avec les éducateurs sont excellentes. On se dit les choses. A un moment donné, ma fonction fait que s’il faut trancher, je tranche mais on essaie de régler les problèmes en bonne intelligence sur le plan relationnel.
5 – Sur le plan sportif, quels sont vos objectifs ?
Bien évidemment, il faut savoir où on en est par rapport à nos structures, à certains contextes. Il faut savoir si dans le futur, on sera au plus haut niveau de la ligue ou si on fera un championnat de France. Personnellement, je pense qu’aujourd’hui, pour cette année 2017/2018, il faut consolider les acquis, renforcer certaines choses pour prendre un nouvel élan qui doit nous permettre dans les 5 prochaines années d’essayer d’accéder au plus haut niveau de la hiérarchie parisienne. Bien évidemment, cela demande qu’au sein du club, toutes les parties prenantes travaillent en ce sens. De ce point de vue, il faut également souligner que la Mairie de Taverny nous aide. Elle est partie prenante du projet associatif du club. Certaines associations ou des instituts médico-éducatifs d’autres villes dont je tairai les noms ne mettent pas à disposition des jeunes handicapés de structures sportives pour pratiquer un sport en journée, notamment le football.
Il faut savoir que la ville de Taverny a mis à notre disposition tous les mardis et jeudis de 14 heures à 16 heures des installations pour accueillir des jeunes en situation de handicap. Il s’agit là d’un partenariat intelligent, une volonté de Mme le Maire et de son équipe municipale d’être en symbiose avec ce que l’on développe, notamment sur la partie sociétale de notre projet. Je reconnais que la Mairie est avec nous et que nous avons ensemble de très bonnes relations de travail.
6 – Quels sont vos objectifs sur 5 ans ?
Améliorer la formation de nos cadres par des formations internes mais aussi par des formations dispensées par le District du Val-d’Oise de Football. J’ai fait partie pendant 25 ans de la commission technique départementale et à un moment donné, j’ai dit à Malik Boulegroune notre CTD, qu’il y a des jeunes qui viennent d’obtenir leur brevet d’Etat et qu’il était temps que des gens comme moi se retirent pour leur laisser la place. Le Val-d’Oise a toujours eu des commissions techniques de haut niveau. Des commissions techniques qui ont fait avancer le football départemental de par notamment la qualité de ses membres, qui ont permis sous les directives de la Direction Nationale du Football, de mettre en place des formations et des sélections de très bon niveau. On a vraiment actuellement une commission technique de très haut niveau.
En présence de Zinedine Zidane pour le grand prix Generali
7 – Quelle est votre stratégie à court et moyen terme ?
A court terme, premier point, c’est la formation de nos éducateurs. Aujourd’hui, les jeunes ont le respect de la compétence. Si en face d’eux, ils sentent qu’il n’y a pas de compétence, il n’y aura pas la même emprise de l’éducateur sur ces jeunes sachant que doit être mis en place le triptyque de l’éducateur : avoir de l’autorité, être l’autorité et faire autorité. Pour avoir cette autorité au niveau des jeunes, il faut être formé, avoir de la matière pour répondre à ces jeunes qui aujourd’hui avec notamment les moyens d’internet ont énormément de possibilités extérieures.
Deuxième point : améliorer nos qualités d’accueil et surtout, à court et moyen terme, le chantier, c’est de créer deux filières au sein de notre club : la filière dite « compétition » et la filière dite « loisir ». Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, des jeunes s’inscrivent dans une association sportive, notamment footballistique comme la nôtre, pour tenter de faire une carrière dans le football. Ils ont de l’ambition, veulent devenir des joueurs professionnels. D’autres viennent pour jouer avec leurs copains, se faire plaisir sans contraintes ou exigences et ceux là, ils doivent être aussi bien accueillis que les autres. Ils doivent être dirigés vers l’aspect du football diversifié, c’est à dire leur proposer des rencontres de foot peut-être à effectif réduit. Pour des jeunes jusqu’a 15/16 ans : le futsal, le Beach soccer et autres activités footballistiques vont faire que cela va créer un ensemble dans notre club et cet ensemble va faire qu’on va être un club qui accueille tous les footballs aussi bien pour les garçons que pour les filles. Je vois bien qu’aujourd’hui, avec le développement du football féminin, les parents des jeunes filles sont plus exigeants que ceux des garçons, par exemple, en matière d’accueil, de qualité des installations, du discours de l’éducateur ou de l’éducatrice. Je vous rappelle qu’au Cosmo, il y a quelques années en arrière, on comptait une dizaine de jeunes filles.
Aujourd’hui, on en dénombre une petite centaine avec les adultes. A mon sens, c’est un élément important car au niveau de notre club, on crée et améliore la mixité sociale, les relations garçons/filles… On amplifie cet aspect par le fait que notre club a la chance de participer aux cérémonies d’ouverture des matchs de l’Equipe de France. On a discuté avec la Fédération Française de Football et Keneo, la structure qui gère ces cérémonies d’ouverture. Il fallait qu’il y ait une égalité garçons/filles âgés de 12 à 18 ans, donc 100 jeunes. On peut observer que lorsqu’ils sont tous au Stade de France, ils peuvent discuter, quelque chose se crée. J’ai ressenti à travers tout cela qu’il y avait encore une amélioration au niveau des relations garçons/filles au sein de notre club, non seulement entre jeunes mais également entre parents. Ce sont des actions qui font qu’on créé du lien social. J’ai noté la même chose lorsque nous sommes allés sur les différentes finales de ligue des Champions.
Une anecdote dans un autre domaine sur les relations internationales : on était à Milan avec 12 jeunes du Cosmo et 2 adultes. J’étais dans le salon de l’hôtel et un jeune s’approche et me dit « Les syriens ne veulent pas jouer avec nous ; ils nous ont dit : les Français ont vous aiment pas». Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose parce qu’on représente la France et la France ce n’est pas cela. Accompagné d’un interprète, je suis allé les voir en leur expliquant que la France ce n’est pas la guerre, si il y a la guerre pour certains, ce ne doit pas être entre les enfants ; c’est autre chose. Aujourd’hui, on est à Milan pour une cause commune : être ensemble, jouer ensemble, se faire plaisir à travers un outil : le football. Ensuite, on a été chercher des fanions, finalement fait un petit match de foot, et sur la journée et demie qui nous restait, on est devenu copains avec nos amis syriens.
Une banderole des jeunes du Cosmo avant le départ pour St Petersburg
Un jour, j’étais au Bayern de Munich avec Udo Lattek qui a dit aux gens autour de lui : « Dans la vie, il ne dépend que de tes rencontres pour être ombre ou lumière ». J’avais 22 ans et cela m’a marqué. Udo Lattek était l’entraineur de la grande équipe du Bayern à l’époque. Pour en revenir à ces jeunes syriens, si dans leur conscience ou inconscience, on les a changés sur l’opinion qu’ils avaient de la France, on a probablement gagné quelque chose. Deux extrêmes dans ma carrière d’éducateur : le 29 mai 1985, je suis au Heysel dans la tribune avec les 39 morts. A l’époque, j’étais entraineur à Sarcelles. J’organisais avec les jeunes un concours de jonglerie et je leur ai dit : ceux qui auront fait la meilleure progression viendront avec moi voir un grand match. J’emmène donc le 29 mai 1985 deux mômes de 12 ans au Heysel pour le match de la Juventus de Turin contre Liverpool. On est dans la tribune avec les italiens et les anglais. A l’époque, dans les stades, il n’y avait pas de siège derrière, on était accoudé face à des barrières en ferraille. Et donc, avec les deux jeunes, on s’est mis en hauteur, ce qui nous a permis de ne pas être emportés par la foule et peut être sauvé la vie.
Le summum du summum : mon échange avec le Roi Pelé, mon idole encore aujourd’hui. Entre ces deux extrêmes, il y a tous les échanges possibles avec des idoles que j’ai vu à la télévision lorsque j’étais enfant ou ado. Je pense notamment à Beckenbauer, Cruyff et tant d’autres…, mais je n’accorde aucun statut particulier, qu’il soit enfant, ado ou adulte, je respect tous en tant qu’individu et tout le monde est respectable.
Bien entendu, il faut savoir rester humble dans la vie. Quand on rencontre ces gens-là, ou qu’on voit des jeunes dans les hôpitaux en fin de vie, cela rend une personne humble. N’oubliez jamais qu’on est riche de la santé de nos enfants.
8 – De par vos responsabilités, vous êtes un acteur majeur du club. Quelles sont vos priorités ?
Au sein du Cosmo de Taverny, mes priorités sont les suivantes : il faut que tous les adhérents du club viennent par plaisir et que les échanges entre les individus soient cordiaux, sans aucune tension palpable et un bon climat de travail. Il faut également respecter le Cosmo, club centenaire. Avant moi, des gens ont mis en place des choses intéressantes, des structures. Il y a eu de très bons présidents, d’excellents managers, d’excellents Directeurs Sportifs (Gérard Bellehigue), j’ai une pensée pour Georges Omari qui vient de décéder et qui a fait monter le Cosmo de 2ème division de district en ligue. Tous ces personnages ont fait qu’aujourd’hui, le Cosmo est un club respecté et respectable qui a eu dans son histoire un moment d’égarement puisqu’il a été en division d’honneur et est redescendu en 1ère division district. Il a donc fallu construire ou reconstruire et mettre en place un socle qui fasse qu’on puisse redonner cette identité remarquable qu’avait le Cosmo avant. Il fut un temps où le Cosmo faisait partie des 5 clubs majeurs du département, voire de la ligue de Paris.
Donc, ma priorité : un bon climat, améliorer encore et toujours la qualité de nos encadrants et à travers les deux filières que j’ai précédemment définies, les renforcer et permettre à tous nos jeunes garçons/filles et moins jeunes de pouvoir arriver au seuil de leurs compétences footballistiques. Se dire : j’ai tout fait, je me suis donné, j’ai bénéficié d’encadrants de qualité et aujourd’hui, je ne regrette rien. D’ailleurs, tel a été mon cursus footballistique. Je jouais au Bourget. A l’époque, on n’avait pas école le jeudi. En ce temps là, Bernard Tapie habitait Le Bourget, à côté du stade Lucien Legrand. Lucien Legrand était mon entraineur et Bernard Tapie venait nous voir jouer le jeudi après midi. Petite anecdote : à l’époque, j’appelais Tapie Nanar. Il m’a demandé de ne pas l’appeler ainsi, que je comprendrai plus tard. En fait, les nanars, c’était les anarchistes.
Un jeune du Cosmo avec MBAPPE invité par la FFF pour assister à un entrainement de l’équipe de France
Après Le Bourget, il y a eu Villiers le Bel. Je ne voulais pas en rester là. Je voulais voir où j’en étais. Je me suis donc entrainé et j’ai signé au Paris FC qui jouait en 2ème division. A la fin d’une année junior au Paris FC, Jacques Jarry mon entraineur, m’a dit que j’étais trop lent et qu’il ne me ferait pas entrer dans le groupe 3ème division seniors et encore moins dans le groupe pro, qu’il fallait que je quitte le club. Je suis donc parti à Garges les Gonesse qui jouait en 4ème division en championnat de France. J’ai travaillé dur pendant 5 ans avec Robert Leveque et Coco Meunier. Je suis ensuite parti à Malakoff qui jouait en 3ème division, équivalent du national aujourd’hui avec M. Cros et M. Fercoq comme entraîneurs. Je ne pouvais pas aller plus haut. Je suis allé au maximum de mon potentiel. Aujourd’hui, je ne suis pas un aigri du football.
Je souhaite que dans notre club on puisse amener tous nos adhérents au maximum de leur potentialité qu’ils soient dans la filière « compétition » ou dans la filière « loisir ». Il y a autant de respect pour les uns que pour les autres, sachant que de la filière « compétition », un jeune peut très bien se diriger vers la filière « loisir » et vice versa. Il faut que le jeune se fasse plaisir. Tant que je serai animé de me former pour mieux former, je continuerai dans le football.
9 –Que faut-il améliorer selon vous sur le plan sportif, structurel ou administratif pour rendre le football séduisant ?
Premier point important : il y a des structures sportives existantes. Aujourd’hui, on a un seuil d’adhérents équivalent à 600 adhérents. Aller au-delà demanderait des structures supplémentaires. Il faut quand même les accueillir dans de bonnes conditions, que ce soit les garçons ou les filles. Aujourd’hui, à Taverny, on a un terrain d’entraînement + la moitié d’un. Dans les années à venir, si on veut accueillir plus de monde, répondre à des demandes plus nombreuses, il faudra qu’on s’améliore dans ce domaine là. Mme le Maire de Taverny est informée mais malheureusement, les budgets ne sont pas extensibles et je le comprends tout à fait.
Arsene Wenger et les jeunes du Cosmo à l’aéroport de Berlin
Cette année, au niveau de nos féminines, on a répondu favorablement à une demande avec l’ES Saint Prix dans la catégorie U16. Pourquoi ? Parce que Saint Prix avait 10 filles et nous 15. Il était difficile de concilier les terrains d’entrainement et finalement, grâce à cette entente, le lundi, les jeunes filles de Taverny s’entraînent à Saint Prix avec celles de Saint Prix et le mercredi, les jeunes filles de Saint Prix viennent à Taverny pour s’entrainer. On a réglé un problème. Je pense que l’intercommunalité, un jour, viendra renforcer le fait qu’on puisse accueillir le plus grand nombre d’adhérents. Après, c’est une question de politique sportive. L’an dernier, on était à 680 licenciés. Aujourd’hui, on est à 600. Si je promets la filière « compétition », pour faire progresser nos jeunes, il faudrait 3 entraînements minimum par semaine. Or on est aujourd’hui à 2, voir 3 pour trop peu d’équipes, car il faut de la place pour tout le monde. La ville nous a mis à disposition de nouveaux vestiaires. On sent donc une bouffée d’oxygène par rapport à cet aspect.
Deuxième point : il va falloir qu’on développe nos relations avec le scolaire, mettre en place, à terme, des classes sportives. Il y a un grand projet où il ne va pas falloir se louper : Les Jeux Olympiques. L’Olympisme, cela va être aussi bien sur le monde associatif que sur le plan scolaire. Il va donc y avoir un équilibre entre les deux à trouver. C’est pour cela qu’à l’INSEP, j’avais rencontré Jean Philippe Gatien à qui j’ai remis de la part des adhérents du Cosmo de Taverny un cadre comme quoi le Cosmo soutenait la candidature de la France pour les JO 2024. Il était surpris qu’à l’INSEP, à la remise des trophées des champions du monde et champions Olympiques, le Cosmo de Taverny soit présent. Nous, il nous faut être champion de notre monde. C’était une opportunité.
Autre aspect important : la bonne considération des bénévoles. Dans le monde associatif, il y a de moins en moins de bénévoles. Pourquoi ? Parce que la vie n’est plus la même qu’avant, il y a plus de chômage, la difficulté pour de plus en plus de familles monoparentales. Après les événements de Charlie Hebdo, j’avais eu une discussion à Paris avec le Secrétaire d’Etat aux Sports et je lui avais dit qu’il fallait penser au monde des bénévoles. Il en était bien évidement conscient, et investi dans le domaine. Je lui avais demandé s’il ne pensait pas que l’on pourrait attribuer des points de retraite aux bénévoles en fonction de leur nombre d’années effectuées dans le bénévolat. Il m’a répondu : c’est un serpent de mer. Pour moi, on doit les considérer à leur juste valeur. Ils donnent de leur temps au détriment de leur famille, et parfois de leur travail. Il est vrai que l’Etat mène des actions pour les bénévoles ainsi que la Fédération Française de Football mais je pense qu’il faut aller plus loin.
Un autre problème : auparavant, lorsqu’on se déplaçait avec les petits U6, U7, U8 U9 U10 U11, il y avait une voiture par joueur. Maintenant, même au niveau des tout jeunes, on a du mal à disposer de suffisamment de voitures pour le déplacement des enfants. Il y a des clubs qui ont pris l’option minibus, d’autres celle des autocars mais tous les clubs n’ont pas les moyens. C’est aussi un point sur lequel il faut travailler. Peut-être améliorer par une participation départementale notamment les bons d’essence, peut être travailler sur d’autres aspects qui vont faire que ces parents, ces bénévoles s’investissent encore plus sans retenue dès lors qu’ils sont bien considérés.
Au Cosmo de Taverny, aujourd’hui, la génération séniors a une moyenne d’âge de 22 ans. Cela a été une volonté du club. On a respecté et on respecte ceux qui ont amené l’équipe de la 1ère division en promotion d’honneur. Aujourd’hui, il faut faire place à ces jeunes. Certains joueurs sont partis sous d’autres cieux, mais c’est avec ces jeunes aujourd’hui qu’on doit construire notre équipe de demain. Le Cosmo n’est pas un club de millionnaires. Cela signifie qu’il faut qu’on y gagne au niveau de la qualité des relations, sur la qualité humaine et que les gens viennent au Cosmo pour cette ambiance, parce qu’il y a un groupe qui, ensemble, va essayer de progresser dans la hiérarchie. Au Cosmo, on a 2 entraineurs de qualité pour la 1ère et la réserve : Claude Ribeiro et Malik Aich des personnes humaines qui auraient pu aller vers d’autres cieux mais qui sont restés attachés au Cosmo. Ce sont des valeurs humaines qui font qu’on peut avoir l’ambition dans les années à venir d’accéder au plus haut niveau régional sachant qu’aujourd’hui, il y a des clubs qui progressent et travaillent bien dans le département.
Donc, à nous de mettre en place les ingrédients pour ne pas être largué. L’autre point, c’est qu’il faut aussi qu’on soit bon pour ouvrir la porte séniors à nos jeunes U19. J’y accorde énormément d’importance ; c’est de travailler dans notre club par promotion (promotion U11, U 12, U13) et que les jeunes restent au Cosmo de Taverny le plus longtemps possible sachant qu’on a bien évidemment des ouvertures et des contacts avec des clubs professionnels. Cela étant dit, il ne faut pas mentir aux jeunes ; ils ne deviendront pas tous professionnels. Là, on a 2 jeunes qui ont signé à l’Olympique de Marseille, un qui a signé à Nancy Lorraine et un qui est parti au PSG. Tant mieux pour eux. Le Cosmo a fait son travail. Donc, que les jeunes viennent au Cosmo avec la perspective d’être vus par des professionnels, cela fait partie du jeu ou de participer aux sélections départementales, voire régionales, participer au concours d’entrée à Clairefontaine. Moi ce que je veux, c’est que ceux qui sont en dessous de ceux là, ce soit des jeunes ou adultes qui soient imprégnés du Cosmo. On a une référence au Cosmo : Jean Jacques Locatelli qui a fait toute sa carrière au Cosmo. J’ai joué contre lui. C’est un joueur qui aurait pu jouer en professionnel ou en semi professionnel. Seulement il est toujours resté attaché à son club de Taverny. C’est une référence morale au sein du Club. Donner à ces jeunes ou adultes une identité commune au Cosmo. Après, qu’ils partent dans des clubs pro ou semi pro et qu’ils aient le sentiment qu’on les a aidé, à la fin de leur carrière, ils se rappelleront du Cosmo. Donc, s’il faut venir donner un coup de main au Cosmo, ils reviendront parce qu’ils se rappelleront.
10 – Comment alliez-vous les deux casquettes de Directeur Sportif et Coach des catégories U6/U7et U17 ?
Directeur Sportif, c’est mettre en place l’équipe éducative. Pour ce faire, je suis avec Patrice Lecornu, ancien joueur professionnel international, Directeur des Centres de formation du PSG et du Red Star. On a le partage des tâches. M. Lecornu assiste à tous les entrainements du foot à 11. Il est donc en contact avec les entraineurs et les éducateurs foot à 11. Il donne son avis, discute avec les éducateurs. Au cours des réunions techniques, il est avec moi. On discute de tous les problèmes techniques et autres au sein des différentes composantes. Il est bien évident qu’on fait une réunion technique globale mais plein de minis réunions techniques. Parfois, je ne vois pas l’intérêt de faire une réunion technique éducateurs U6, U7 avec les entraineurs séniors.
Moi j’ai en qualité d’éducateur à l’école de football les U6/U7, mais aussi les U17, en séances d’entrainements et leur direction sportive. Pourquoi les U17, U6, U7 ? Parce qu’il ne faut pas se déconnecter du terrain. Ma passion première, c’est d’être sur le terrain. Peu m’importe qui j’entraine ; l’important est que j’entraine (enfants, ados ou adultes). Par contre, cela me permet d’être au cœur des problèmes de nos éducateurs. Aujourd’hui, on dit qu’on a besoin de porte parole. Moi je dirais plutôt qu’on a besoin de porte oreille, des gens qui soient à l’écoute. Et puis quand vous dites aux éducateurs, il faut faire cela et bien toi, mets toi sur le chantier et agit. Cela rend plus humble. C’est facile de venir autour d’un terrain les bras croisés. Ma passion, c’est le terrain, le ballon, les joueurs.
11 – Une belle journée type pour un Directeur Sportif c’est quoi ?
C’est lorsque j’arrive le mercredi après midi, qu’on a toute l’équipe éducative à l’entrainement, garçons/filles, sur des plages horaires différentes, c’est d’arriver au stade et qu’on me parle football et séances d’entrainement et non pas de problèmes annexes. Une belle journée, c’est des enfants ou pré-ados qui sortent de la séance d’entrainement avec le sourire, les parents qui nous considèrent comme un club accueillant, qui nous disent que leurs enfants sont bien chez nous. C’est de la communication. C’est aussi le fait que les éducateurs aient préparé leurs séances en amont, que je vois que dans le travail il y a une continuité et que les objectifs pédagogiques et footballistiques demandés aux éducateurs ont été mis en place.
12 – Si vous aviez un mot, un adage à adresser aux joueurs du Cosmo, quel serait-il ?
Il y a cette fameuse phrase qui dit : on joue comme on s’entraine. C’est une vérité première. Ou celle-ci : Il n’y a que dans le dictionnaire que la lettre T de travail est après la lettre R de réussite ! Après, il y en a d’autres mais ces deux phrases sont fondamentales.
De ce point de vue là, on a créé un jeu de cartes en 2014 et j’ai apprécié car un des éducateurs de Marly la Ville l’a fait aussi, où par exemple j’arrive sur une séance d’entrainement et je demande à 2 ou 3 joueurs de tirer une carte (à partir des U10). Ce sont des valeurs sur le plan mental. Au cours de ma séance d’entrainement si mon camarade perd le ballon, je l’encourage. Et donc, je note. A travers cela on développe pas mal de valeurs. Au niveau du vivre ensemble, on fait percevoir aux jeunes que l’autre a le droit à l’erreur mais je dois l’encourager quand même. Après, il y a un autre aspect dont il faut parler, c’est les relations avec le milieu arbitral. Il faut imposer le respect avec les arbitres. C’est un travail au sein de notre club. Ils doivent être respectés. L’arbitre a le droit à l’erreur. L’arbitre doit juger en un minimum de temps. On travaille aussi sur l’arbitrage où on a mis en place le jeu de loi en 2015. Les jeunes jettent les dés et tombent sur une question telle que : est-ce que quand je donne le ballon à mon gardien en U15, il peut le prendre à la main ? Ce n’est qu’un exemple. Mieux on connait les lois du jeu, mieux on se les applique.
Au cours d’actions avec la Fédération Française de Football, type cérémonie d’ouverture des matchs de l’équipe de France, ligue des champions ou ramasseurs de balles pour le PSG, ceux qui ont participés aux différents challenges sont invités à participer à ces actions.
Le cosmo est club pilote de la Fondaction du football. Cela nous oblige à tendre vers l’excellence dans, notamment la partie sociétale du projet associatif. Le programme éducatif fédéral est un excellent outil et une véritable boussole éducative pour l’ensemble de nos jeunes, ce qui demande un investissement permanent, mais combien utile.
Nous avons d’excellentes relations avec nos organismes de tutelles, le Fédération Française du Football, la ligue de Paris, le district du 95, le Conseil Départemental du Val-d’Oise, la direction départementale de la Cohésion sociale du 95 et bien d’autres.
Je saisi l’occasion pour les remercier et mettre en lumière notre étroite collaboration, mais aussi transmettre notre inquiétude sur la suspension de l’aide de l’État au niveau des contrats CAE-CUI. Le danger pour nos jeunes prés – adulte serait de déconstruire certaines actions favorables. Je vois bien l’inquiétude de nombre d’associations responsables dans le domaine, dont le Cosmo. Néanmoins il faudra que les pouvoirs publics mettent en action un dispositif d’aide au monde associatif après le gel du financement d’une partie des CAE – CUI, en partie pour le monde sportif.
C’était un excellent moyen d’accompagner, pour une association responsable, les jeunes vers l’emploi, au même titre que les services civiques qui permettent aux jeunes de 16 à 25 ans d’avoir un lien avec le monde professionnel et de se former à l’employabilité. Faire pour les jeunes, c’est faire avec les jeunes.
Deux questions « détentes » pour finir l’interview.
Quel est le défaut que vous voyez chez certains et que vous auriez aimé parfois avoir ? Le coté tout pour l’argent de certains, le côté business, qui m’aurait permis d’être moins dans l’attente pour obtenir des choses.
Quelle est la qualité que vous avez et que vous voulez parfois ne pas avoir ? La patience, qui est perçue parfois pour de la faiblesse, mais en vérité une grande force intérieure.
Par Claude PETROLESI