Stéphanie Frappart, Arbitre Internationale et L2, débute ce weekend aux Pays Bas le championnat d’Europe Féminin. Habituée des grandes compétitions (JO, Coupe du Monde, etc…) cette Val d’oisienne, originaire de Pierrelaye, va encore faire étalage de son talent et démontrer qu’arbitrer c’est avant tout être passionné. Malgré son emploi du temps « hyper full » Stéphanie Frappart a accepté de répondre à nos questions sur le métier, le football et sa place dans ce milieu. Passionnant !
En quelques mots, un petit retour sur ta saison 2016/2017
Ma saison a commencé par les Jeux Olympiques à Rio en Août dernier, où j’ai arbitré deux rencontres : Canada / Australie et Afrique du Sud / Brésil. Ce fût une expérience inoubliable.
De retour des JO, j’ai donc commencé ma saison en L2 début septembre, tout cela entre coupé de match de Ligue des Champions Féminine et de stage à l’UEFA.
C’était ma 3ème saison en L2 où j’y prends beaucoup de plaisir et où j’ai acquis une expérience et des compétences qui me permettent d’être au niveau de ce championnat.
2- Quels sont tes objectifs pour cette nouvelle saison ?
Pour cette nouvelle saison, elle débute assez tôt pour moi, avec l’Euro Féminin au Pays-Bas du 12 juillet au 06 aout 2017, après cela il y a aura un retour au championnat en L2, des matchs de Ligues des Champions Féminines et des matchs de qualification pour la Coupe du Monde 2019 qui se déroulera en France.
Je m’attends donc à une saison chargée et remplie d’émotion.
Mon objectif est comme tout compétiteur gravir les échelons un par un et faire les performances attendues sur le terrain.
3- Concrètement comment as-tu préparé ce championnat ?
La coupure a été brève seulement une dizaine de jours et j’ai dû repartir à la préparation physique, technique, tactique et mentale en vue de préparer l’EURO.
Pour le moment, la priorité est l’Euro Féminin. Pour la L2, on verra à mon retour mais si je vais suivre de loin le championnat quand je serais aux Pays-Bas
J’ai effectué :
– une préparation physique assidue (6 semaines de préparation suivie à distance par l’UEFA),
– une préparation tactique avec l’analyse de chaque équipe présente à l’Euro,
– une préparation technique en regardant des situations de matchs avec une approche permettant de bien cerner quelles sont les attentes de l’UEFA dans l’approche disciplinaire
– une préparation théorique avec l’appropriation des nouvelles lois du jeu
– une préparation managériale et mentale pour finaliser au mieux la collaboration de l’équipe arbitrale
4- As-tu des objectifs pour cette compétition ? Vas-tu suivre les bleues ?
Mon objectif premier est de rendre des copies propres de mes rencontres que je vais arbitrer après n’étant pas maître de tous les paramètres, donc je subirai la suite des désignations.
Je suivrai bien sur les bleues, en espérant qu’elle n’aille pas trop loin dans la compétition ! lol
5- Auras-tu le droit à des congés ensuite ?
Si je reste jusqu’à la fin de la compétition, le retour à la maison est prévu le 7 août 2017, de suite après je serai en stage Elite à l’UEFA du 8 au 11 août 2017, et la saison en France aura déjà commencé.
Donc pour les congés, se sera sûrement un peu plus tard, mais le principale est de vivre sa passion et des moments extraordinaires.
6- Est-ce difficile de concilier ta carrière internationale Féminine et ta saison pro chez les hommes ?
Cela fait plusieurs années que je concilie ma carrière internationale féminine à celle masculine, depuis 2010.
Le plus compliqué est la compilation des agendas et l’enchaînement des compétitions sans avoir trop le temps de couper un peu l’été. Les calendriers sont chargés mais la passion l’emporte et je vis des moments extraordinaires quelques soient les compétitions (Coupe du Monde, JO, Euro, …) et les matchs masculins en L2 ou 4ème en L1.
7- Quelles sont les grandes différences entre les compétitions Femmes et Hommes ?
L’écart de niveau se réduit de plus en plus, lors de grandes compétitions comme la Coupe du Monde, les JO, l’Euro et les matchs d’équipe nationale féminine. La vitesse de jeu, les tactiques, les techniques des joueuses sont quasiment similaires à celles des hommes. Il existe encore quelques différences dans l’impact physique et dans la malice des joueuses (même si cela a tendance à diminuer)
Par contre, le niveau des équipes de clubs en champions League restent encore très hétérogène et en dessous des équipes hommes.
8- Pourquoi n’y a-t-il pas plus de Femmes chez les Hommes ?
En France, en effet, je suis la seule arbitre en L2, il y une assistante en National. A l’étranger, quelques pays ont des arbitres au plus haut niveau comme l’Allemagne, l’Ukraine, l’Uruguay, … mais cela reste quand même assez rare.
Une des difficultés est l’exigence physique, on demande les mêmes tests physiques que ceux pratiqués aux hommes. Pour moi, il est important que les exigences techniques, physiques, tactiques et l’évaluation des arbitres féminines soient les mêmes que celles hommes.
Nous voulons accéder à ce niveau de compétition nous devons dès lors exiger de nous les mêmes contraintes que celles des hommes.
9- Penses-tu que les Hommes ne voient plus de différence une fois le coup d’envoi donné ?
Les joueurs sont des compétiteurs, que l’on soit un homme ou une femme cela importe peu, nous restons l’arbitre, celui qui prend les décisions. Le principal pour eux est que l’on prenne la bonne décision.
Si je ne prends pas les bonnes décisions sur le terrain, je suis autant contesté qu’un homme. Il y a quand même plus de respect de la part des joueurs vis-à-vis d’une femme arbitre, la virulence des mots et l’agression est moindre.
10- Qu’y a-t-il de particulier dans ton sac d’arbitre ?
Des photos de ma famille ! Pour être dans de bonne condition, il faut être bien dans sa peau. Savoir garantir un équilibre entre sa vie personnelle, sa vie professionnelle et sa vie arbitrale. Ma famille m’a toujours soutenue dans mon activité arbitrale et je les en remercie. Elle est mon premier soutien et c’est important dans mon équilibre de vie.