« L’arbitre, un être humain avant tout ! »

Publié le 23/02/2018

Saad Sadli, 52 ans, vit sa quatorzième saison d’arbitre et ne compte pas s’arrêter là… 

Saad, peux-tu nous détailler ton parcours ?

Depuis mon plus jeune âge, j’ai baigné dans le monde du football. J’ai commencé comme joueur dans différents clubs (USA Argenteuil, Poissy et également dans des clubs associatif…).
Ensuite, j’ai passé un diplôme d’éducateur sportif le BEESAPT, le BEES Football et je me suis retrouvé à travailler dans le monde du social. En 1999, j’ai créé une association avec des jeunes de quartier sur Argenteuil qui avaient l’envie de jouer au football j’ai commencé à arbitrer comme bénévole au sein de l’association dont j’étais président et par la suite je me suis engagé avec le District du Val-d’Oise lors de la saison 2004/2005.

Depuis cette saison, je suis dans le club de Saint-Ouen l’Aumône et il y règne une excellente ambiance autour de son président Toufik Moukrim.

Comment fait-on pour perdurer ?

On tient par l’amour du football, l’envie de partager notre passion, le besoin de faire passer un message tel que le football est un jeu et un moment où l’on se retrouve.

Quels sont les temps forts de ta carrière ?

Ils sont nombreux ! Les rencontres avec les dirigeants, les joueurs et des parents.  Ce sont aussi les partages avec les collègues, des moments conviviaux primordiaux.
Il y a aussi tous ces moment lorsque le match se termine, ces instants où tous les participants se serrent la main et qu’ils ont pris du plaisir à se retrouver autour du football.

Comparé à ton début de carrière, l’arbitrage a t-il changé?

Oui énormément, je pense que beaucoup de club pensent plutôt à la compétition, à la gagne, au résultat même si je sais qu’il est important, c’est dommage !
Il me semble que l’on peut essayer de gagner sans oublier le plaisir et le fair-play.

Qu’est ce qui caractérise ton arbitrage ?

La communication, il est vrai que je parle beaucoup et que je suis très souvent amené à expliquer les situations ; Je fais également beaucoup de prévention, peut-être trop.
Par exemple quand j’arbitre des jeunes, j’essaye toujours d’être pédagogue, bienveillant au regard de leur jeune âge. Du coup, je sanctionne moins, voire peu.

Les autres arbitres sont-ils moins bons ?

Pas du tout, il y a certainement autant de manière d’arbitrer que d’arbitres !
Pour ma part, je considère que le dialogue ne doit pas être un frein mais plutôt une force. Certainement une déformation professionnelle.

Comment expliques tu le fossé grandissant entre le joueur et l’arbitre?

La compétition, la société font que tout le monde veut la victoire, le succès, la consécration et ce à n’importe quel prix.
Le football n’est que le reflet de la société…

L’arbitre échappe t-il à ce constat ?

Je l’ignore mais il essaye… Il fait des erreurs comme tous le monde, il doit prendre des décisions rapidement mais il a également une vie à côté comme toute personne.
Nous ne sommes pas différents, nous sommes un être humain avant tout !
Le fait de porter un maillot d’arbitre ne signifie pas que nous possédons la vérité mais il est nécessaire d’en imposer une. 
Le football n’est pas juste et c’est pour cela qu’on l’aime.

 

Merci Saad.

Par Emmanuel Boisdenghien

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