« Il faut le vivre pour comprendre »

Publié le 29/11/2019

Thomas Vigneron, arbitre de la Ligue de Paris Île-de-France, a été formé par la Commission Départementale de l’Arbitrage du Val-d’Oise. Nous l’avons rencontré afin qu’il nous parle de ses débuts et de sa carrière qui s’annonce.

Thomas, depuis combien de temps es-tu arbitre ?
J’ai 18 ans et cette saison 2019/2020 est ma 4
ème en tant qu’arbitre de foot à 11. Je suis auparavant passé par le foot animation pendant 2 années.

Quelles ont été les premières difficultés rencontrées ?
Après avoir connu le climat familial de mon club (ndlr : l’ES Frettoise) pendant mes deux années de foot animation, le passage à 11 reste surprenant. J’ai eu l’impression de rentrer dans un monde très professionnel, dans lequel il faut s’imposer. Il m’a fallu apprendre à établir cette autorité et à mettre de côté une certaine timidité pour ne pas me faire marcher dessus. Mais ça n’a pas toujours été facile ! J’ai en souvenir un match en particulier, qui m’a réellement fait envisager de tout arrêter… mais j’ai toujours été soutenu par le district et par mon accompagnateur de l’époque, Saad, qui m’a vite remotivé.
Aujourd’hui, les premières difficultés sont derrière moi et chaque match est un vrai plaisir.

Porto – Toulouse, finale de Vinci Cup en Août 2019

Justement, quel est le plaisir que tu prends sur un terrain ?
« Il faut être un peu fou pour devenir arbitre ». On peut dire que cette phrase du président de la CDA m’avait marqué, et il n’est pas rare de l’entendre au bord des terrains. Pourtant, oui le plaisir que j’ai à arbitrer est immense. C’est tellement difficile à décrire, il faudrait le vivre pour comprendre, et ceux qui le vivent déjà sauront sûrement de quoi je parle. Il y a bien sûr un sentiment de fierté d’être désigné sur des matchs de compétions si élevées, ou de voir les yeux rivés sur nous à l’entrée sur le terrain et chaque décision, mais il y a bien plus que ça… L’adrénaline au moment de découvrir sa désignation ou de donner le coup d’envoi, le relationnel avec les acteurs, l’envie de bien faire, tout ça fait que lorsqu’on est piqué, on ne décroche jamais !

As-tu été joueur et si oui le plaisir en tant qu’arbitre et en tant que joueur est-il différent ?
Oui j’ai été gardien de but pour l’E.S. Frettoise pendant cinq ans et bien évidemment la sensation est complètement différente. Un arbitre ne gagne et ne perd jamais, au contraire d’un joueur. Le but premier d’un arbitre est justement que les joueurs puissent prendre du plaisir sur le terrain en faisant respecter les lois du jeu.

Un match, c’est 95 minutes de vigilance maximale, pendant lesquelles une seule erreur peut tout faire basculer. C’est une fois le coup de sifflet final que l’on peut se dire « oui j’ai réussi mon match », ou alors « je vais devoir me remettre en question ». En réalité c’est cette quête de perfection qui rend ce métier si passionnant.

 

Quel est ton parcours une fois que tu as quitté le district et quels matchs arbitres-tu ?
Le district m’a présenté à la ligue de Paris après une saison et demie. Je suis aujourd’hui Jeune Arbitre Régional 1 et j’arbitre le championnat U18 Régional 1 au centre, et le Championnat National U19 à la touche. Je suis également candidat auprès de la ligue de Paris pour devenir candidat Jeune Arbitre Fédéral (JAF).

 

Quelle est ta préparation pour ce concours JAF ?
La ligue possède en fait un quota de places pour présenter ses candidats à la fédération, ces derniers ne doivent pas être âgés de plus de 18 ans. C’est d’ailleurs ma dernière année pour tenter d’obtenir une de ces places. Pour sélectionner les candidats, la ligue organise donc des examens théoriques similaires à ceux de la fédération, et détermine ainsi à la fin de la saison les candidats présentés.
Je dois donc travailler ces examens tout au long de l’année et être performant sur le terrain puisque ces notes comptent aussi en partie.

 

Que peux-tu dire sur l’arbitrage et que t’a-t-il apporté dans la vie de tous les jours ?
« L’arbitrage, la véritable école de la vie ». Combien de fois je l’ai entendu celle-là aussi, sans pour autant en saisir la mesure. Je l’ai compris depuis quelques temps, ce que m’a appris l’arbitrage, aucune école ne me l’apportera jamais. J’étais encore un tout jeune garçon lorsque j’ai découvert ce milieu, d’un naturel introverti et réservé.
Aujourd’hui, il suffit de me connaître un peu pour comprendre que j’ai bien évolué ! Toutes ces valeurs, que se soit le respect, l’implication, mais surtout le relationnel, la capacité d’affirmer son autorité et de gérer ses émotions, elles me sont utiles tous les jours.

Quels rapports entretiens-tu avec le DVOF ?
Je viens d’y effectuer un stage de deux mois dans le cadre de mes études. J’ai eu la chance de participer à des événements incroyables comme l’organisation du tournoi qualificatif à la coupe du monde Futsal à Cergy (octobre 2019). J’ai surtout eu la chance de rencontrer des personnes fantastiques pendant ces deux mois (et d’en retrouver certaines !) que je ne risque pas d’oublier de sitôt. Le district restera de toute manière la fondation sur laquelle je continue de bâtir mon début de carrière.

Par Emmanuel Boisdenghien

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