Interview exceptionnelle de Pierre JACKY le sélectionneur de l’équipe de France de futsal

Publié le 30/10/2019

Pierre JACKY « Les clubs se donnent de plus en plus de moyens pour s’entraîner plus et mieux. Je pense que la prochaine étape va être des « futsaleurs » professionnels »

Quelle est votre fonction première : entraîneur/sélectionneur ou sélectionneur ? Je suis entraîneur « nationaux » de futsal, c’est-à-dire que je m’occupe de tout le dossier futsal, partie sélectionneur. Je fais autant du développement que de la formation d’éducateurs. Ce sont les grands volets de ma fonction comme ceux  d’un cadre technique en général dans le foot, foot féminin ou autre. On fait du développement, on forme des entraineurs et dans le même temps, on est responsable de la détection et de la sélection des jeunes. En l’occurrence, là, c’est l’Équipe de France. C’est un peu différent mais on est sur les mêmes volets.

On dit que grâce à vous, les joueurs sont des hommes. Qu’en pensez-vous ? C’est vrai qu’on ne s’adresse pas seulement à des footballeurs mais tout d’abord à des humains. Les joueurs de futsal sont des militants, des ambassadeurs. C’est une discipline plus récente et forcément moins reconnue que le football. Ils prennent à cœur de montrer cette activité sous son meilleur jour. Pour moi, c’est forcément plus facile de s’adresser à des hommes. Cela étant dit, j’ai aussi affaire à des amateurs dans le sens noble du terme dont des pères de famille. On ne s’adresse pas à des enfants.

Cette année, est-ce votre plus belle Équipe de France ?  La plus belle sera forcément à venir car on n’arrête pas de progresser. Au début, je jouais avec des footballeurs en salle. C’était difficile. En hiver, ils jouaient un peu en futsal. Vous imaginez un peu la différence par rapport aux équipes professionnelles ! Et au fur et à mesure, on a joué avec des gens qui ne faisaient plus que du futsal. C’est le cas des joueurs actuels. Les clubs se donnent de plus en plus de moyens pour s’entraîner plus et mieux. Je pense que la prochaine étape va être des « futsaleurs » professionnels. Je suis persuadé que dans trois ou quatre ans, on va avoir des clubs de foot à 11 créés pour le foot féminin, qu’on va monter des sections futsal professionnelles. On n’arrête pas de progresser. C’est vrai qu’actuellement, c’est ma meilleure équipe et dans deux ans, quatre ans, six ans, elle sera encore meilleure.

Si vous deviez définir le futsal en un mot, quel serait-il ? Le premier mot qui me vient à l’esprit : dynamisme ! Les buts sont rapprochés. Évidemment, un mot ne suffit pas à définir cette pratique tant elle est riche. Quel que soit l’endroit où se trouve le ballon, les joueurs sont toujours concernés. Ils ne peuvent pas « dormir », ni d’ailleurs les spectateurs. C’est un jeu de transition. Tout va plus vite, les actions sont plus courtes, trois fois plus de tirs, trois fois plus de buts. C’est plus prenant, plus grisant. C’est un peu comme si on jouait au foot de 16 mètres à 16 mètres et qu’il n’y avait que des corners.

Quel est votre sentiment sur le fait que ce tournoi qualificatif se déroule dans le Val d’Oise ? Je ne mesurais pas autant l’intérêt de jouer sur Paris. C’était évident mais le fait d’y être, on en tire vraiment un gros bénéfice car de manière évidente, les clubs parisiens sont les plus représentés parmi les clubs des sélectionnés. Il y a leurs amis également mais aussi les gens de la fédération, donc des collègues, des salariés qui viennent voir l’exposition qu’on a sur Paris, décuplée par rapport à la province même si on est toujours très bien accueilli partout. C’est vrai que partout, cela a toujours permis derrière de monter des championnats, d’organiser des formations supplémentaires. Cela a toujours servi à tout le monde. Actuellement, on est encore dans une phase de promotion. Cela a du sens partout, même quand on va dans un district où le futsal est pratiquement inexistant en termes de championnat. Il faut savoir que souvent, derrière, le championnat se crée.  

Quel est votre sentiment sur la filière futsal à travers les Districts ? Elle est encore un peu hétérogène et c’est logique. Certains sont plus en avance que d’autres. Il y a 20 ans, c’était le nord. La Ligue du nord était en avance par rapport à sa proximité avec les belges, la Belgique qui depuis 30 ou 40 ans est professionnelle. Les gens ne connaissaient pas le futsal et ses règles. Ils pratiquaient le futsal à l’école. Ils avaient déjà les championnats dans certains Districts et au niveau de la Ligue. Maintenant, c’est Paris qui a repris le dessus. Il y a encore une disparité nord/sud. On va dire que dans le sud, il n’y a pas encore le même engouement que dans le nord.

Quelques mots sur l’Aren’Ice de Cergy : Une bonne ambiance, bon enfant. Public très jeune. Je pense que les clubs ont répondu en amenant les gamins qui connaissent un peu l’activité car à l’UNSS, on est le sport n° 1 et c’était l’occasion idéale pour eux.

Quel message donneriez-vous aux enfants qui hésitent entre le futsal et le foot ? Il n’y a aucune concurrence. Simplement, le futsal est la manière idéale pour apprendre à jouer au foot. On peut prend l’exemple les bonnes nations du foot qui se servent du futsal en pratiques associées. C’est le cas de joueurs comme Neymar et Messi qui ont joué au futsal au Brésil ou en Argentine. Souvent, les américains du sud commencent par le futsal car en fait, c’est du foot simplifié. Ce n’est pas un opposé du foot mais un condensé du foot. On peut concevoir qu’à 14 ou 15 ans, un enfant initié au futsal continue dans cette discipline.  Cela étant, la médiatisation du football prend souvent le dessus, ce qui n’est aucunement dérangeant pour nous. Il y a de la place pour tout le monde.

Êtes-vous toujours conseiller technique régional à la Ligue d’Alsace de Football ?Plus du tout. Depuis deux ans, j’occupe la fonction d’entraîneur national de futsal. Je peux donc me consacrer à plein temps à cette activité même si le volet de sélectionneur ne représente pas 100 % de mon travail comme je vous l’ai précisé au début de l’interview puisque la partie formation des entraîneurs et la partie développement y occupent tout autant de place.

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